Ma Pièce de monnaie
Petite rondelle de métal, marron, jaune, grise ou blanche, pourquoi ne parles-tu pas ? Tu pourrais nous raconter ton histoire, tout ce grand voyage que tu as fait dans le monde en passant de main en main.
Raconte-nous, as-tu été dans les mains douces de jolies dames ou dans les grosses mains calleuses et rugueuses d'un travailleur manuel
As-tu voyagé dans un porte-monnaie, serrée avec tes consœurs ou alors as-tu trouvé un havre de paix dans un beau gousset large et spacieux avec peut-être tes cousines à la robe en or ?
As-tu été au contraire par la force des choses, la voyageuse, qui à peine donnée en paiement, est repartie comme monnaie pour un achat fait avec un gros billet ?
Dans combien de poches as-tu fait une escale, parfois brève, avant de poursuivre ta migration, comme un papillon voletant de fleur en fleur, toi tu passes de main en main ?
As-tu, selon ta valeur, été donnée en cadeau à un enfant, qui, la mine réjouie, est allé te dépenser pour un tour de manège et quelques bonbons ? As-tu été donnée en paiement d'un service ou d'un travail ou alors as-tu été glissée gentiment dans la main d'un mendiant qui heureux ce jour là, grâce à toi, a pu manger un peu mieux ?
Parfois tu parais comme une nature morte et pourtant quand on te regarde tu es une véritable historienne car ton décor et tes représentations d'entité nous rappellent notre histoire et nous obligent à revoir notre passé.
J'ai, sans te le dire, fait quelques recherches sur toi. Je voulais savoir, qui t'a réclamée,, quelle est la main qui a dessiné ton graphisme et quel est l'homme qui a gravé la matrice qui t'a donné la vie. Une vie qui risque d'être assez courte car elle sera tributaire de la politique.
Petite pièce, quand je te regarde, je vois sur ta robe les usures et les blessures que la vie t'a infligées, ce qui me prouve que tu as eu une vie mouvementée.
Malgré cela, tu es là en bonne place dans ma collection et je te regarde souvent avec plaisir et vanité car tu es mienne.
Mais voilà, tu sais que l'homme est inconstant et variable, ce qu'il pense aujourd'hui ne sera peut-être pas ce qu'il fera demain et je sais déjà que, si un jour je croise la route d'une de tes sœurs jumelles, plus brillante, plus lisse, aux arêtes sans blessures, je ne pourrai me retenir et tu seras remplacée sans le moindre remords.
Mise à l'écart, vendue ou peut-être donnée à un autre collectionneur moins chanceux qui sait comment tu finiras ta vie, toi qui as toujours donné du bonheur ? A présent personne ne peut encore le dire.
Mais pour tout, moi je te dis merci.
De Gérard SOHIER.
Commentaires
1 CASIN Le Lun 14 déc 2015
2 patrick Le Mer 04 fév 2015
bravo gérard