Les comptes de la Monnaie de Paris dans le rouge
EXCLUSIF La vénérable institution du quai Conti a enregistré une perte de plusieurs millions d’euros en 2017. Une première depuis dix ans.
C'est une première depuis dix ans. Selon nos informations, la Monnaie de Paris a enregistré une perte de plusieurs millions d'euros l'an passé. Cette mauvaise nouvelle devrait être annoncée en mars par le nouveau PDG, Aurélien Rousseau, qui a été le directeur adjoint du cabinet de Manuel Valls et Bernard Cazeneuve à Matignon avant de se voir offrir un joli parachute quai Conti à la fin du quinquennat. Outre une activité moins florissante que par le passé, ces pertes seraient surtout dues à une opération vérité sur les comptes. Explications.
"La plus vieille entreprise du monde", créée en 864, fabrique des pièces pour l'Etat français et des pays étrangers ainsi que des monnaies et médailles de collection, grâce à ses ateliers parisiens et son usine de Pessac en Gironde. Le prédécesseur de Rousseau, Christophe Beaux, nommé par Jacques Chirac juste avant son départ de l'Elysée début 2007, a réussi à réveiller cette belle endormie, qui accusait un déficit de plus de 20 millions d'euros. Il a réduit d'un tiers les effectifs, développé les expositions d'art contemporain dans les salons historiques et lancé le projet MétaLmorphoses, permettant l'installation de nouveaux espaces d'exposition et d'un restaurant de Guy Savoy. Le chiffre d'affaires a grimpé de moitié pour dépasser les 160 millions d'euros en 2012, avec un résultat net de près de 11 millions.
Mais les années suivantes, marquées par la baisse des commandes de l'Etat, vont être plus difficiles. Le chiffre d'affaires retombe à 131 millions en 2015 pour un bénéfice de seulement 1,6 million. La signature d'un contrat avec l'Arabie saoudite en 2016 pour la refonte de la gamme monétaire du royaume offre une bouffée d'air frais à la Monnaie, dont les bénéfices grimpent à 6,2 millions. Un sursaut qui ne s'est pas reproduit en 2017 même si les pertes restent inférieures à celles de 2007.
Pas de privatisation à l'ordre du jour
Surtout, en plus de devoir déprécier ses stocks, l'établissement public a été contraint de faire le ménage dans ses engagements "hors bilan". Suite à une recommandation de l'Inspection générale des finances, il se voit désormais contraint d'assumer le coût de la reprise des pièces de collection revendues par les acheteurs à la Banque de France et de provisionner les risques financiers correspondant. 414 millions d'euros de pièces sont encore en circulation et les retours sont estimés à 1 ou 2% par an. "L'enjeu porte sur plusieurs dizaines de millions d'euros mais on va en partie jouer sur nos fonds propres pour que tout ne pèse pas sur les résultats", explique Aurélien Rousseau, qui assure que les comptes repasseront dans le vert en 2018.
Pour cela, le PDG a commandé, dès son arrivée, un audit au cabinet de conseil Roland Berger puis il a présenté un plan stratégique en décembre, fixant plusieurs priorités : "garantir l'excellence de la production, maîtriser les coûts salariaux et consolider l'univers de marque". La Monnaie prévoit notamment d'ouvrir un corner au GL6, le nouveau magasin parisien des Galeries Lafayette réservé aux touristes chinois, boulevard Haussmann. En revanche, une privatisation, même partielle, n'est clairement pas l'ordre du jour. "Le statut d'Etablissement public industriel et commercial (EPIC) ne pose aucun problème", assure Rousseau, au contraire de son prédécesseur Christophe Beaux, qui voulait transformer la Monnaie en société anonyme pour faciliter les partenariats capitalistiques à l'étranger. Un projet qui s'était heurté à l'hostilité des syndicats maison.
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